Two Years
Résumé:
Suite de "Meutres
en 3-Dimension"
Disclaimer: Je ne possède aucun droits sur CSI: Crime Scene
Investigation.
. : : .
La porte
du coffre claqua violemment et le propriétaire du véhicule poussant un grognement
contrarié. Tant de sang avait été difficile a nettoyer
et maintenant l'odeur de la javel et divers produits utilisés laissaient un
mélange étouffant émaner de l'arrière.
Son
attitude colérique et nerveuse avait attiré les regards des passants dans cette
ville si humide, chaude et détestable. Un seul regard aux policiers en faction
devant une boutique et il sut. Les deux agents
échangèrent quelques mots avant d'ouvrir leur portière. Il sut
qu'il devait agir et vite. Il se précipita vers le côté conducteur de son
véhicule, ignorant les ordres qu'on lui lançait. Il allait s'asseoir lorsque
des coups de feu retentirent sous le soleil mexicain. Il s'écroula, mort, le
long de la voiture. Les deux policiers s'approchèrent en courant et l'un d'eux
vérifia l'état de santé de l'homme. Trop tard. Il fouilla le mort et trouva son
portefeuille, il montra la carte d'identité à son collègue. Ce dernier,
toujours debout contacta le poste avec sa radio puis sécurisa sommairement la
scène.
"
Tu leur as dit qu'on avait descendu leur gars? Marty Clarke. " il acquiesça d'un air sombre
. : : .
Alors
que Clarke rendait son dernier souffle, un mini van vert foncé roulait à vive
allure sur une route de campagne. L'homme assis au volant jetait des regards
nerveux en direction de la banquette arrière.
'Ça fait
deux jours que je roule et elle n'a pas bougé. C'est vraiment pour ne plus rien
avoir à devoir à ce taré que je fais ça. Mais là, j'ai pas envie d'aller en
taule à sa place si je me fais arrêter. Surtout qu'elle respire plus.'
Depuis
quelques heures, il n'y avait que des forêts immenses à perte de vue. C'était
le panorama rêvé pour se débarrasser de ce 'deal empoisonné'.
. : : .
Le bruit
incessant des voitures résonnait sans fin quelque part dans sa tête. Lorsqu'elle
ouvrit les yeux, elle ne vit rien. Ils étaient tellement sec qu'ils lui
faisaient mal et offrait en guise de vision, un brouillard indescriptible de
couleurs. Au contact du vent frais et vif, ils s'humidifièrent aussitôt,
faisant couler des larmes le long de ses joues à cause des picotements. Elle
essaya de bouger mais chacun de ses mouvements étaient ponctués de douleurs
aigues. Son corps entier était meurtri et replié sur lui-même. Elle se força à
se redresser, poussant des gémissements devant la douleur. Lorsqu'elle fut
debout, tenant à peine sur ses jambes, elle se tint à l'arbre le plus proche.
Elle put alors observer les alentours.
D'un
côté, une forêt assez dense s'offrait à elle tandis que l'autre côté laissait
place à une autoroute. Rien d'autre n'était visible. Aucune ville, maison,
magasin, station service… être humain. Rien. Elle ne savait pas ce qu'elle
faisait dans un tel endroit ni même la manière dont elle était arrivée ici. Ni
même pourquoi elle était dans un tel état.
En regardant
ses vêtements de plus près, elle vit qu'ils étaient sales et déchirés. Ses
avant-bras portaient des traces de griffures. Ses genoux avaient saignés et le
sang séché avait laissé des taches sur
son pantalon et formé une croûte sale et douloureuse sur sa peau. Etait-ce
infecté? Ses mains étaient sales et sentaient la terre là aussi le sang séché
recouvrait ses coupures et éraflures. Elle devait trouver de l'aide. Peut être
avait-elle échappé à un psychopathe et il se trouvait dans les bois, la cherchant
comme un fou. Il lui fallait trouver un téléphone.
Elle
s'écarta de l'arbre et fit quelques pas mal assurés. Elle trouva finalement son
équilibre et monta un talus pour se rapprocher de l'autoroute. De l'autre côté
de la barrière, elle hésita un moment. Il était hors de question de passer côté
route. C'était trop dangereux et elle
n'avait pas suffisamment de forces ou de réflexes pour éviter quoi que ce soit.
Elle se
décida donc à longer l'autoroute depuis une distance de sécurité. Elle finirait
tout de même par trouver de l'aide.
Au bout
d'une heure et demi de marche, elle faillit abandonner. La faim la tiraillait
sans répit et son corps blessé lui faisait de plus en plus mal. Le paysage
n'avait pas changé et elle n'avait pu le situer géographiquement. Tout se
chamboulait dans sa tête, mais rien qui pouvait l'aider à savoir ce qui s'était
passé. Les souvenirs s'envolaient peu à peu et lui semblaient étrangers. Elle
réfléchit longuement sur des choses plus ou moins importantes mais au final,
rien ne ressortit. Sa mémoire était comme vide.
Elle mit
cela sur le compte du choc, se disant que tout lui reviendrait certainement
plus tard. Son salut temporaire arriva sous la forme d'un interphone d'urgence
placé sur la bande d'arrêt d'urgence. Ses jambes fatiguées firent un dernier
effort pour elle et elle se mit à courir vers l'appareil. Elle n'arriva jamais
à son but car son corps cessa de répondre et la précipita au sol à quelques
mètres à peine de l'interphone.
Lorsqu'elle
reprit connaissance, ce fut une nouvelle fois dans un lieu inconnu. La douleur
n'était plus omniprésente et elle se
sentait plus légère. Elle se trouvait dans une chambre d'hôpital. Elle n'avait
pas souvenir d'avoir été amenée ici.
La porte
de la chambre s'ouvrit et une femme d'une quarantaine d'années en blouse
blanche entra.
"
Bonjour, je suis le Docteur Lorca. Je suis ravie de vous voir enfin réveillée,
comment vous sentez-vous? " demanda-t-elle avec
un léger accent français
"
Mieux "
"
Bien. Vous n'avez rien de grave, juste quelques bleus et écorchures. Vous
pouvez me dire ce qui vous a mis dans un tel état? "
"
Je… je n'en ai aucune idée. Je me suis réveillée au bord de la route dans cet
état. "
"
Je vois. Une patrouille de police vous a trouvé, vous n'aviez aucun papier sur
vous, comment vous appelez-vous? "
Elle
fouilla dans sa mémoire mais ne parvint pas à s'y retrouver.
"
Je… Je ne sais pas. "
"
Vous ne vous en rappelez pas? "
"
Non. Tout comme le reste… Je ne sais pas ce que je faisais près de cette route.
Oh mon dieu… " fit-elle alors que ses yeux
se remplirent de larmes
"
Calmez-vous, ce sont des choses qui arrive après avoir subi un choc. Laissons
passer quelques jours et ça finira par s'arranger. "
"
Et si ça ne s'arrange pas? "
" Alors
nous ferons des tests pour confirmer ou non une amnésie temporaire. "
annonça le médecin sérieusement
"
Je vais dire à l'infirmière de vous donner un calmant et je veux que vous vous
reposiez. "
Au
moment où le médecin allait quitter la pièce, elle lui demanda:
"
Vous pouvez me dire où je suis? Quelle ville… "
"
Bien entendu, nous sommes à Montréal, Canada. "
Evidemment,
cela n'évoquait rien pour elle.
Les
jours et les semaines passèrent sans qu'aucune amélioration de mémoire ne soit
perçue. Le médecin avait finalement conclu à une amnésie totale et avait
contacté la police afin d'établir une identité. Malheureusement, son profil ne
correspondait à aucun des avis des personnes disparues du pays. Ses empreintes
ne donnaient rien non plus.
Personne
ne savait qui était cette grande brune d'environ trente, trente-cinq ans, de
race caucasienne aux yeux marrons et cheveux bruns. Et il s'écoulerait un long
moment avant que les réponses viennent d'elle.
. : : .
"
Mon frère est mort lors du tsunami à Phuket, il était la seule famille que
j'avais. "
"
Et donc à cause de ça, vous tuez le premier Thaïlandais qui vous regarde de
travers " résuma Grissom d'un calme inhabituel
L'homme
acquiesça, l'air penaud.
"
Jim, emmène le hors de ma vue. " lâcha Grissom d'un ton blasé.
Brass ne
se fit pas prier pour arrêter un nouvel assassin. Il faisait ainsi son devoir
avec joie mais il échappait également à son collègue. Tout le monde au labo
avait durement encaissé la disparition de Sara. Ils avaient tous perdu quelque
chose et on pouvait voir le résultat sur l'équipe. Le moral des troupes n'était
pas beau fixe et ça durait depuis plus de sept mois. Sept mois pendant lesquels
ils avaient cherché leur collègue et amie à travers les Etats, les hôpitaux,
les commissariats les plus reculés. Aucun résultat. Ils ne savaient pas si elle
était toujours vivante ou non. Le Mexique avait été en relation avec le LVMPD
au cas où une personne correspondant à la description de Sara serait vue. Marty
Clarke avait été abattu, emportant ses secrets dans la tombe.
Grissom
inquiétait ses collègues. Contrairement aux autres, il n'avait pas ouvertement
montré sa colère ni fait de crises. Il était étrangement calme depuis son
retour de Monterrey. Il n'arrivait plus à s'énerver dès que quelque chose le
contrariait. C'était comme s'il en avait perdu la force. D'un autre côté,
personne ne savait ce qui se passait lorsqu'il rentrait chez lui. Quand il
rentrait chez lui.
Le labo
n'était témoin d'aucun débordement de colère de sa part, sa maison en voyait
sans arrêt. La première semaine, pas mal de verre avait percuté ses murs.
Notamment les verres de whisky qu'il n'arrivait pas à boire. A défaut de
devenir violent, il était devenu pacifique, vivant uniquement parce qu'il le
fallait.
Tous se
demandaient combien encore de temps il tiendrait dans ce monde de pêchés.
Cinq
mois plus tard, un an après la disparition de Sara, Catherine ne fut pas
tellement surprise de la voir remettre sa démission et lui laisser son poste de
superviseur. Ce jour là, elle eut envie de rentrer chez elle et de pleurer.
Elle souffrait pour Sara, pour Grissom aussi. Son ami depuis des années qui ne
serait probablement plus jamais celui qu'elle avait connu autrefois.
"
Je ne peux plus continuer comme ça. J'espère que vous comprendrez tous ma
décision. " avait-il dit d'une voix faible avant
de sortir de leurs vies
. : : .
Recommencer
une vie sans rien aura été la plus éreintante des choses pour Jane Doe #BY415 alias à présent, Jane Donohue. Ce qui est
marrant ou plutôt ennuyeux pour les gens sans identité, c'est qu'on les appelle
tous de la même façon, John Doe pour les hommes, Jane
Doe pour les femmes. Et lorsque l'amnésie perdure
sans que la personne ait été identifiée, on lui laisse choisir un nom pour
enfin pouvoir l'établir dans la société.
A sa
sortie d'hôpital, Jane eut le droit à certaines aides sociales afin de pouvoir
survivre dans la jungle urbaine. Après plusieurs mois difficiles d'un travail
peu agréable et d'argent mis de côté, elle réussit enfin à avoir un semblant
d'appartement et commencer ainsi sa nouvelle vie.
Jane dut
apprendre le français car les emplois demandant seulement de l'anglais se
situaient plus à la frontière du Canada Américain. Au bout d'un an, elle avait
une maîtrise quasi parfaite de la langue. Elle était devenue secrétaire en
milieu médical.
. : : .
Durant
près de huit mois, Grissom parcourut le pays, enchaînant conférences, lectures
et consultations sur diverses affaires concernant l'entomologie. Il avait
quitté Las Vegas sachant que le fantôme de Sara et ses souvenirs le hanteraient
continuellement. Travailler là-bas était devenu chose impossible, pas un seul
recoin du labo ne lui évoquait la jeune femme disparue. A présent, il ne restait
pas plus d'un ou deux mois par ville et repartait aussitôt s'établir ailleurs,
ne voulant pas s'attacher à tel ou tel endroit. Il évitait de créer des
contacts et demeurait toujours le plus grand mystère pour ses collègues et
connaissances.
Personne
n'avait jamais vraiment pu le connaître intimement et désormais, ce serait
impossible. Dans le métier on avait eu vent de l'affaire Sidle et tout le monde
connaissait ce qui avait eu raison de la grande carrière de Gil Grissom.
. : : .
"
Jane, cela va bientôt faire un an et quatre mois que vous travaillez pour nous
" commença Monsieur Hoffman, le directeur du
laboratoire médical
Jane
sentait ses mains devenir moites, elle était assise aussi droite qu'un piquet
dans sa chaise et redoutait le pire. Elle ne savait pas ce que le grand patron
lui voulait et n'avait encore jamais été appelée dans son bureau. Elle essayait
de ne pas voir derrière ses paroles bien tournées, un quelconque piège. Elle
avait besoin de cet emploi et se faire licencier maintenant n'était pas
pensable.
"
En effet " répondit-elle en ayant du mal à respirer calmement
"
Je dois dire que vous nous avez tous impressionnés. Je n'avais encore jamais
employé une personne sans un minimum d'expérience et ouvrir mes portes à
quelqu'un sans aucune identité ni mémoire était un pari… fou. Si je puis dire.
"
Jane
opina sans vraiment comprendre ce que tout cela signifiait envers sa carrière.
"
Bref, ce que je veux dire, c'est que vous avez fait un travail remarquable depuis
votre arrivée. Ce qui m'amène au but de cet entretien: notre succursale ouvre
des sessions de stages à l'étranger, dans les compagnies BioVial.
Cela vous permet d'acquérir de nouvelles expériences en milieu différent. En
clair, je vous offre un poste à Paris. "
La jeune
femme resta silencieuse, bouche bée, n'en croyant pas ses oreilles.
"
Paris? " souffla-t-elle après une pause
"
Oui. Notre compagnie est à l'origine Française. Si vous acceptez, vous aurez
une période d'essai, histoire de vous accoutumer avec la vie parisienne. Si
vous vous intégrer bien, vous pourrez faire de ce poste quelque chose de
permanent. Sinon, vous pouvez toujours revenir ici. "
" Wow… Je, je ne sais pas quoi dire. C'est… Je ne m'y
attendais vraiment pas. " répondit-elle
"
Je vais vous laisser quelques jours pour prendre une décision. Disons que
vendredi matin, vous passerez me voir pour m'annoncer le verdict. "
"
Très bien " elle se leva et salua son patron avant de sortir.
Lorsqu'elle
raconta cet épisode à ses quelques collègues de bureau, elles lui conseillèrent
de sauter sur l'opportunité. Ce poste offrait une meilleure rémunération et
offrait diverses possibilités point de vue travail.
Plusieurs
heures s'écoulèrent avant que Jane ne rentre chez elle. Elle se fit à manger
puis s'installa devant la télévision, mais elle fut incapable de regarder le
programme diffusé. Ses pensées allèrent sans cesse vers l'offre quand lui avait
faite en début d'après-midi. Une offre qui la tentait beaucoup. Elle avait
envie de découvrir la France et se serait l'occasion rêver. Elle n'avait pas de
famille ni d'amis proches qui la contraindraient à tout quitter.
Le
vendredi matin, elle annonça à son patron qu'elle acceptait la proposition. Il
passa le reste de l'heure à lui expliquer les différentes modalités rendant ce
transfère possible. Elle devait faire plusieurs demandes de papiers auprès de
la préfecture afin de pouvoir entrer sur le sol Français comme résidante et
employée. Une fois toutes les démarches effectuées, elle n'eut plus qu'à
attendre les papiers. Ils arrivèrent éventuellement trois semaines plus tard.
Tout se
déroulait comme prévu et bientôt elle s'envolerait vers l'inconnu. Rien de
mieux que de voyager. Alors pourquoi quelque chose à l'intérieur d'elle voulait
la retenir sur ce continent…
Une
semaine à peine avant son départ pour la France, Jane commença à avoir des
cauchemars. Elle revoyait des scènes complètement étrangères et horribles. Ses
nuits étaient ponctuées de crimes, de sang, de cadavres dans des états plus ou
moins abominables. Des voix lointaines se faisaient entendre par-dessus ces
visions affreuses. Des voix familières mais qu'elle n'arrivait pas à placer.
Elles parlaient anglais alors que tous les gens qu'elle connaissait ne lui
parlaient qu'en français. Un homme apparaissait souvent lors de ces visions,
avec sa voix calme et ses gestes bien assurés. Elle ne voyait jamais son visage
mais au fond d'elle, son identité lui était connue. Elle connaissait bien cet
homme et pourtant, elle ne se souvenait pas de lui dans son quotidien.
Des
murmures lui parvenaient, des mots comme 'Vegas', 'labo', 'morgue'
et d'autres aussi morbides tels que 'mort par strangulation' ou 'violée
à de multiples reprises avec un objet' se bousculaient dans son esprit.
Jane se
redressa dans son lit, le visage et le corps couverts de sueur. Qu'est-ce qui
lui arrivait? Toutes ses pensées ne lui appartenaient pas. Ou du moins, elle ne
s'en souvenait pas.
Elle
jeta un œil au téléphone sur sa commode, devait-elle appeler un médecin? Peut-être
n'était-ce qu'un cauchemar. Après tout, les rêves n'avaient ni queue ni tête,
on pouvait rêver de poissons géant carnivores si on avait fait les courses le
jour même et puis regarder un vulgaire film d'action le soir. Ensuite, le
cerveau avait créé sa propre histoire.
Jane se
leva et se fit une tasse de café, elle avait besoin de se calmer. Que
devait-elle faire? C'était la troisième nuit que ça lui arrivait, ce n'était
pas normal. L'ordinateur installé dans un coin du salon semblait crier son nom.
Elle s'en approcha d'un pas décidé et l'alluma. Il était plus de trois heures
du matin. Google s'afficha et elle resta un moment à
fixer la page, l'air soucieuse.
Où
commencer? Vegas devait signifier Las Vegas, elle ne voyait pas d'autres
possibilités. Ses cauchemars rapportaient toujours des scènes de meurtres,
d'autopsies et d'autres expériences plus ou moins douteuses. Etait-elle une
criminelle en cavale? Non, elle avait une vision plus 'interne' de ces scènes.
Comme si elle était sur les lieux de chacune d'elles. Pour tout nouveau cas,
elle ressentait diverses émotions. Ce qu'elle voyait l'affectait également.
Etait-elle flic? Ou avait-elle un lien avec les
autorités?
La page
d'accueil du Las Vegas Metropolitan Police Department envahit son écran et Jane parcourut toutes les
pages sans trouver quoi que ce soit d'extraordinaire. Comment pouvait-elle être
de Vegas et se retrouver au Québec? Ce n'était pas la porte à côté ni le même
pays. Un lien concernant le Laboratoire Criminel était visible en bas de page et
Jane cliqua dessus. Un bref historique de l'établissement apparut mais Jane ne
s'en préoccupa guère. Elle finit par tomber sur une page présentant les
équipements utilisés et les conditions d'acceptation en tant que technicien de
laboratoire ou enquêteur criminel. Après avoir trouvé d'autres pages, Jane
apprit que le directeur du labo se nommait Conrad Ecklie
et que ses subordonnés directs supervisaient chacun une équipe bien
particulière. Il y en avait trois et parmi les noms des superviseurs, un seul
retint l'intention de Jane: Catherine Willows. Ce nom lui paraissait vaguement
familier mais ce n'était peut être qu'une impression à force de vouloir des
réponses.
Jane
ferma le site et soupira. Il lui fallait trouver plus. Elle avait peut être été
portée disparue à Vegas, si c'était bien de là qu'elle venait. Du moins si
quelqu'un se souciait d'elle. Le site du Las Vegas Tribune sous les yeux, elle
chercha la section archives et s'arrêta sur le cadre de la date désirée. Elle
était au Québec depuis près de deux ans, on l'avait trouvé aux alentours du 15
mai. Elle élargit sa zone de recherche et commença vers le 20 avril. Elle tapa
ensuite 'personne disparue' comme mot clé, ne disposant pas d'autre élément.
Une dizaine de résultats apparurent et elle les lut attentivement. La plupart
des disparus étaient des jeunes ou des étudiants, retrouvés quelques jours plus
tard à peine. Elle ne trouva rien la concernant et poussa encore sa recherche
de quelques jours. Cette fois, le titre d'un des articles accrocha son regard: 'Disparition
d'un CSI. Le LVMPD en collaboration avec le Mexique.'
Jane
s'empressa d'ouvrir l'article et lu sans attendre.
Las
Vegas, lundi 18 mai 2006
La
disparition la semaine dernière de Sara Sidle, CSI niveau 3 a entraîné une collaboration
désespérée entre Las Vegas et Monterrey, Mexique. Après la mort de Marty
Clarke, auteur de l'enlèvement de la jeune femme, le portrait de cette dernière
a été diffusé dans tous les commissariats des deux pays. Cet acte, un appel à
l'aide du superviseur de l'équipe de nuit du Labo Criminel de LV, Gil Grissom,
n'a toujours pas abouti à des résultats sérieux.
[…]
Officiellement,
la jeune femme a été vue pour la dernière fois dans un magasin du Nord de Las
Vegas. Clarke a été abattu alors qu'il tentait d'échapper aux forces de l'ordre
mexicaines.
Jane
s'arrêta de lire. Tout ceci lui semblait étrange. Ce nom… Gil Grissom, lui
paraissait vraiment familier. Et Marty Clarke aussi mais une sensation de froid
s'empara d'elle à chaque fois qu'elle voyait ce nom.
Il n'y
avait aucune photo de la disparue et Jane en chercha désespérément une. Il
fallait qu'elle soit sûre… Elle finit par trouver ce qu'elle voulait et alors
que le visage pixélisé devenait plus net, elle sentait ses genoux trembler.
Elle était Sara Sidle. Elle avait en face d'elle la photo d'une version
professionnelle d'elle-même.
Son cœur
battait la chamade et son souffle était court, elle usa toutes les techniques
possibles pour se calmer. Que devait-elle faire à présent? Elle savait enfin
qui elle était.
Le
lendemain au bureau, elle alla immédiatement voir son patron. Quand elle lui
annonça qu'elle ne pouvait plus partir à Paris, il lui demanda des
explications. Jane se contenta de sortir l'article de journal et la photo
qu'elle avait imprimé et Hoffman, resta muet.
"
Vous comprenez à présent " il opina lentement la tête
"
Je dois aller là-bas, j'ai besoin… " commença-t-elle
mais sa gorge se serra
"
Je comprends, prenez tout le temps nécessaire, ce n'est pas un problème "
répondit-il gentiment
"
Merci "
En
traversant les couloirs, une collègue l'appela. La jeune femme se tourna et dit
d'un ton étrange:
"
Je ne m'appelle pas Jane mais Sara. Sara Sidle. "
Sa
collègue la dévisagea sans comprendre.
"
Je sais qui je suis maintenant " continua-t-elle avant de reprendre son
chemin
. : : .
Catherine
venait de signer son énième dossier. Un rapide coup d'œil à l'horloge et elle
se sentit soulager de voir qu'il ne restait plus que trente minutes à tenir. Le
reste de son équipe était parti, elle leur en avait donné l'autorisation comme
dans tous les cas où les enquêtes étaient minimes et bouclées rapidement.
Le
téléphone sonna et elle le décrocha tout en continuant ses relectures.
"
Willows " fit-elle fatiguée
"
Vous avez un appel sur la ligne 2 "
"
Merci Judy " elle appuya sur un bouton et reprit:
"
Oui allô? "
Un
silence l'accueillit.
"
Catherine Willows? " demanda alors une voix frêle
"
C'est bien moi, à qui ai-je l'honneur? " demanda-t-elle alors, sentant un
changement dans l'atmosphère
"
Ils m'appellent Jane, Jane Donohue "
"
Ils? Comment ça on vous appelle Jane D… " elle ne
termina pas sa phrase
Ce qui
avait changé, c'était l'impression bizarre qu'avait évoqué la voix de cette
inconnue. C'était comme si… non, c'était impossible.
"
Sara? " dit-elle sans y croire
"
Sara, est-ce que c'est toi? "
"
Apparemment oui, j'ai trouvé l'article sur internet. La disparition d'une Sara
Sidle, autrement dit, moi-même. "
"
Sara! Oh mon di… Où es-tu? " s'empressa de
demander Catherine
" A
Montréal, au Québec. Mais je… je n'ai pas recouvré toute ma mémoire, je souffre
d'amnésie. " avoua-t-elle
"
Mon dieu! Dis-moi où te trouver, je vais venir aussi vite que possible! "
"
Je… je préférerai venir… ça pourra peut être m'aider à retrouver la mémoire
plus vite. "
"
Bien sûr "
"
Je vous re-contacterez dès que j'aurai mon billet d'avion. "
"
Sara, attends, tu ne veux pas parler un peu? "
"
Je… Ca ne fait que trois jours que les souvenirs me reviennent… et je n'arrive
pas encore à tout assimiler. "
"
Je comprends… Appelle moi quand tu veux "
Après
avoir raccroché, Sara sentit des larmes couler sur ses joues. La tension des
derniers jours l'avait finalement faite craquer.
Deux
jours plus tard, elle atterrissait à l'aéroport McCarran
de Las Vegas. Après avoir prit possession d'une chambre dans un hôtel plutôt
correct, elle se reposa, se changea et partit rencontrer Catherine.
Elle ne
savait pas à quoi ressemblait cette femme et surtout ne savait pas par où
commencer avec elle.
Elles
avaient convenu de se retrouver dans un petit restaurant familial afin d'avoir
la liberté de parler tranquillement.
Sara
poussa la porte du restaurant et parcourut la salle du regard. Catherine
était-elle la petite brune au fond de la salle, la blonde aux cheveux mi-longs
contre la fenêtre ou l'autre brune plus âgée lisant un magazine?
Catherine
leva la tête en entendant la porte du restaurant s'ouvrir. Elle retint son
souffle alors qu'une jeune femme grand et brune faisait son apparition. Ses
yeux la piquaient terriblement mais elle essayait de maintenir son calme. La
jeune femme paraissait perdue et ne l'avait assurément pas reconnue. Ca lui
brisait le cœur. Elle se leva et appela doucement:
"
Sara "
La jeune
femme marqua un temps avant de rejoindre Catherine.
"
Oh mon dieu, je suis si contente de te revoir " annonça cette dernière
avant de la prendre dans ses bras
"
Bonjour " répondit Sara simplement
Catherine
la relâcha aussi vite et s'excusa.
"
Désolée, tu ne dois pas savoir qui je suis. "
"
Non, mais votre nom ne m'était pas si inconnu en fin de compte. "
" A
l'époque, nous étions dans la même équipe. On travaillait ensemble dans
l'équipe de nuit. " Sara acquiesça en essayant de se remémorer tout ça
"
Nous étions amies? " demanda-t-elle et Catherine eut un petit rire nerveux
"
Non, pas vraiment. On travaillait ensemble, c'est tout. Je n'ai jamais été
franchement sympathique avec toi. Mais… ta disparition m'a fichu un coup, tu
sais. A tous d'ailleurs. "
"
Je… Je n'arrive toujours pas à m'en rappeler. "
"
Ça reviendra. Où étais-tu durant ces années? "
" A
Montréal. J'ai été trouvé près d'une autoroute, j'étais blessée et on m'a
conduit à l'hôpital. Je n'ai jamais réussi à me souvenir de mon identité alors
au bout d'un moment, on m'a baptisé Jane Donohue. "
"
Et dire qu'on te cherchait au Mexique… Clarke était là-bas alors on a cru que
toi aussi. Mais il a été abattu avant de pouvoir parler. Grissom était furieux
après les policiers mexicains. " Sara leva les yeux mais ils restèrent
vides d'émotions
"
Grissom… Tu te souviens de lui? " fit Catherine
déconcertée
"
Pas tellement. Son nom aussi m'était familier. Mais je crois que c'est lui que je
voyais dans mes visions. Je ne sais pas pourquoi j'ai ce sentiment. "
"
Avant ta disparition, vous étiez très proches. Il a complètement été abattu par
ce qui s'est passé. Il n'était plus le même. " dit-elle
avec peine
"
Où est-il maintenant? "
" Je
ne sais pas. Il a démissionné l'année dernière et a quitté Vegas. Il n'a jamais
plus donné signe de vie. "
"
Il faut le retrouver. Je dois lui parler. " Catherine opina
"
Je ferai de mon mieux. Mon dieu, je n'arrive toujours pas à croire que tu es là
en face de moi… J'espère que ce n'est pas un rêve. "
"
Ce n'est pas un rêve, croyez-moi. " elle esquissa un sourire
"
Il va falloir que je prévienne les autres que tu es de retour, ils n'en
croiront pas leurs yeux. Tout comme moi. "
"
Est-ce qu'on peut attendre un peu encore? J'aimerai que ma mémoire revienne
plus pour ça. Je n'ai pas envie de les choquer en ne les reconnaissant pas.
"
"
Aucun problème, Sara. "
Elles
passèrent le reste du repas à parler des deux années mystérieuses de Sara. En
fin de journée, Catherine la raccompagna à son hôtel et lui promit de chercher
la trace de Grissom. Le soir au travail, Catherine eut du mal à contenir sa
joie.
Après
plusieurs jours de pistage, l'adresse de Grissom fut établie. Il résidait
depuis trois mois dans l'Ontario au Canada. Ironie du sort ou non, il avait été
à quelques centaines de kilomètres de Sara.
Cette
dernière était tranquillement assise dans le taxi qui la conduisait au repère
de l'homme qu'elle avait toujours pourchassé. Un sourire rêveur illuminait son
visage. Gil Grissom était maintenant devenue une pensée permanente dans son
esprit. Surtout après s'être remémorée des détails à son sujet qui lui faisait
chaud au cœur. Catherine lui avait raconté succinctement leur relation, les
années de déception et de rejet puis ce court moment de bonheur entre eux.
La neige
rendait le panorama magnifique et lorsque le véhicule s'arrêta, la jeune femme
compris qu'il était temps de se concentrer sur ce qu'elle allait dire à cet
homme. Homme qui, deux jours encore auparavant, n'était qu'un nom dans toute
cette jungle de souvenirs.
L'endroit
était reculé, à une dizaine de kilomètres de la ville en bas des montagnes. Le
chalet était modeste et couvert de neige, un seul nom sur la boite à lettres
confirma à Sara qu'elle était au bon endroit. Il n'y avait aucune voiture à vue
d'œil et elle redouta qu'il ne soit parti.
La jeune
femme monta les quelques marches en bois d'un pas lent. Son cœur tapait dans sa
poitrine et ses mains tremblaient comme jamais. Une fois devant la porte, elle
frappa quelques coups et attendit. Personne ne vint lui ouvrir. Elle n'avait
nulle part où aller sauf ici.
Une
voiture arriva une heure plus tard, son occupant sortit et récupéra un sachet de
courses du siège passager. Il verrouilla les portières puis monta les marches
conduisant à sa demeure. Quelque chose dans son champ de vision l'empêcha
d'atteindre la porte d'entrée. Il tourna la tête et lâcha son sac de course.
Etait-il en train d'halluciner?
La jeune
femme tourna la tête vers lui puis se leva du banc. Elle s'avança vers lui
lentement, l'appréhension pouvait se lire sur son visage.
Alors
qu'ils étaient à moins d'un mètre l'un de l'autre, Grissom secoua la tête de
gauche à droite, répétant dans un murmure:
"
Non… ça ne peut pas être réel… ça ne peut pas être réel… ça ne peut… " elle
le stoppa en posant ses mains sur ses joues avant de l'approcher d'elle.
"
Gil, c'est réel. Tu ne rêves pas. " murmura-t-elle
tandis qu'il avait les yeux remplis de larmes.
"
Sara… " dit-il d'une voix étranglée
"
C'est bien moi. Je suis de revenue. Tout va bien maintenant. " répondit-elle en laissant libre cours à ses émotions
Grissom
la prit dans ses bras et la serra aussi fort qu'il pouvait. Le silence assourdissant
de la région était maintenant brisé par les sanglots des deux personnes sur la
terrasse du chalet.
I was alone,
falling free / Trying my best not to forget / What
happened to us, what happened to me / What happened as I let it slip /…Forgetting
names and faces.
--FIN